La responsabilité des tiers en matière d’impôt : Article 1777

En matière fiscale, il est essentiel de comprendre les mécanismes qui régissent la responsabilité des différents acteurs impliqués. L’article 1777 du Code général des impôts (CGI) vient précisément encadrer cette notion en établissant la responsabilité des tiers en ce qui concerne le paiement de certains impôts et taxes. Quelle est donc l’étendue de cette responsabilité, et comment fonctionne-t-elle ?

L’article 1777 du Code général des impôts : un cadre juridique pour la responsabilité des tiers

L’article 1777 du CGI établit le principe selon lequel les personnes qui détiennent ou gèrent les biens d’autrui sont tenues de payer les impôts dus par ces derniers, jusqu’à concurrence de la valeur des biens qu’ils possèdent ou gèrent. Il s’agit donc d’un mécanisme permettant à l’administration fiscale de se retourner contre un tiers en cas de non-paiement d’un impôt par le contribuable concerné.

Cet article vise principalement les détenteurs légaux ou conventionnels de biens appartenant à autrui, tels que les usufruitiers, les administrateurs provisoires ou encore les mandataires judiciaires à la protection des majeurs. Ainsi, lorsqu’une personne est chargée de gérer ou détenir un patrimoine pour le compte d’un tiers, elle doit veiller à ce que les impôts relatifs à ce patrimoine soient dûment acquittés.

Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité des tiers

Pour que la responsabilité des tiers puisse être engagée en vertu de l’article 1777 du CGI, plusieurs conditions doivent être réunies :

– Le non-paiement de l’impôt par le contribuable : la responsabilité du tiers ne peut être engagée que si le contribuable concerné n’a pas payé ses impôts dans les délais impartis.

– L’existence d’une créance fiscale : la dette fiscale doit être certaine, liquide et exigible. En d’autres termes, elle doit être clairement établie et quantifiée, et son recouvrement doit être possible.

– La détention ou la gestion de biens appartenant au contribuable : le tiers doit détenir ou gérer des biens appartenant au contribuable défaillant pour que sa responsabilité puisse être engagée. Il importe peu que ces biens soient ou non liés à la créance fiscale.

– Le respect de certaines formalités : l’administration fiscale doit adresser au tiers une mise en demeure de payer l’impôt dû par le contribuable, ainsi qu’une sommation de payer la dette fiscale dans un délai déterminé. À défaut, la responsabilité du tiers ne peut être engagée.

L’étendue de la responsabilité des tiers

La responsabilité des tiers en matière d’impôt est limitée à la valeur des biens qu’ils détiennent ou gèrent pour le compte du contribuable défaillant. En d’autres termes, ils ne peuvent être contraints de payer une somme supérieure à la valeur des biens en question.

Il convient de noter que cette responsabilité ne concerne que les impôts et taxes dont le recouvrement est assuré par l’administration fiscale. Ainsi, elle ne s’étend pas aux cotisations sociales, aux amendes ou encore aux sanctions administratives.

En outre, la responsabilité des tiers peut être engagée non seulement pour les impôts dus par le contribuable au titre de l’année en cours, mais aussi pour ceux relatifs aux années antérieures, dans la limite du délai de prescription applicable (généralement de trois ans).

Les recours possibles pour les tiers

Les personnes visées par l’article 1777 du CGI disposent de plusieurs moyens pour contester leur mise en cause :

– Le recours gracieux : il s’agit d’une demande adressée à l’administration fiscale afin qu’elle reconsidère sa décision. Ce recours doit être présenté dans un délai de deux mois suivant la notification de la mise en demeure.

– Le recours contentieux : si le recours gracieux n’aboutit pas à une solution satisfaisante, le tiers peut saisir le tribunal administratif compétent. Ce recours doit également être présenté dans un délai de deux mois suivant la décision rendue sur le recours gracieux.

– La demande de sursis à exécution : le tiers peut demander au juge des référés du tribunal administratif de suspendre les effets de la décision de l’administration fiscale, dans l’attente du jugement sur le fond. Cette demande doit être présentée dans un délai de deux mois suivant la notification de la décision contestée.

En somme, l’article 1777 du Code général des impôts encadre la responsabilité des tiers en matière d’impôt et permet à l’administration fiscale de se retourner contre eux en cas de non-paiement par le contribuable concerné. Toutefois, cette responsabilité est limitée et encadrée par des conditions strictes, et les tiers disposent de plusieurs voies de recours pour contester leur mise en cause.

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